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13 mars 2015 5 13 /03 /mars /2015 16:37

Les récents évènements ayant eu lieu en République Dominicaine et en Haïti, et les tensions diplomatiques qui s’y découlent sont susceptibles de nous apprendre beaucoup de leçons. D’abord, chez nous, il est à constater un sérieux problème d’éducation. Cette pathologie laisse la place à l’émotion dans la plupart de nos actions. Une bonne partie des participants à la marche, y compris l’haïtien qui a pénétré le consulat dominicain, et les policiers qui sécurisaient le local du consulat, ignorent le principe de l’inviolabilité des espaces consulaires et diplomatiques, garanti par le traité de vienne. Sur les vidéos, on peut voir un avocat, vêtu de sa toge, et demandant d’envoyer le drapeau du consulat dominicain afin que celui-ci soit brulé. L'haïtien moyen, le policier formé par notre académie de police, l’avocat formé dans notre université, tous sont guidés par l’émotion que par la raison. Une fois de plus, une fois de trop, l’émotion constitue la toile de fond de nos actions et de nos comportements. Mais n’arrêtons pas là.

La plus grande leçon à tirer de cette situation, est celle de la gestion de l’information. Plus un jour ne passe sans que la toile ne soit infestée de rumeurs alarmantes sur des supposés cas de violences sur nos compatriotes vivant de l’autre côté de l’île. Des blogs, des mini-sites web de tout acabit et des réseaux sociaux sont le porte étendard de cette campagne d’intoxication. Un principe de la communication [de crise] veut que dans cette période, les rumeurs vont bon train. Surtout quand les instances chargées d’informer sont absentes ou ne jouent pas pleinement leur rôle.

Des photos et vidéos truquées, des fausses-alertes, des cas d’assassinat non-vérifiés attisent la haine, alimentent les sentiments de xénophobie des deux côtés de l’ile et déferlent des réactions pour le moins regrettables. Si le problème est à rechercher dans notre immersion [sans mesurer les conséquences] dans les NTIC, notre incapacité à les gérer est aussi à considérer. Il n’existe aucun curriculum s’occupant de l’éducation aux médias dans nos écoles. Les individus continuent d’entendre ou de lire tout, sans la moindre capacité d’analyse. Le « tout ce qui se dit dans les médias » continue d’occuper sa petite place de véridiquement vrai dans les esprits. Les médias [reconnus] en Haiti comme à l’Est sont en train de perdre la bataille de l’information. Au grand dam de la préservation d’un vivre-ensemble entre les deux peuples partageant l’Hispaniola. Quelles sont les instances [gouvernementales ou du paysage médiatique] chargées de vérifier l’authenticité de ces éléments d’informations ? Quelles sont les initiatives prises pour calmer les tensions ? Niet.

Des deux côté, le mensonge et la mégalomanie imposent leurs lois. Il n’y a pas de grands efforts consentis en République dominicaine pour apprendre à l’enfant dominicain que l’annexion de l’Est par le gouvernement de Boyer n’a été qu’une stratégie [dominicaine] pour se débarrasser de l’Espagne esclavagiste. Encore moins de les apprendre qu’il y a eu des législateurs dominicains dans la chambre des représentants en Haiti. Ici, on ne fait pas grands efforts pour désintoxiquer nos enfants de cette mégalomanie tendant à les faire croire que nous sommes un grand pays qui attire toutes les convoitises, qui peut vaincre tous les pays du globe, qui est victime d’un complot multinational. Haiti doit comprendre que la réponse à l’agressivité dominicaine ne sera jamais porteuse de changement quand elle se fait à l’aune de l’émotion, de la manipulation et de la scélératesse. Au contraire, elle ne fera que grossir les rangs des apôtres de la haine et de la xénophobie et ne fera qu’embellir les carnets électoraux des ultra-nationalistes de l’autre bord.

La réponse d’Haiti doit être celle de l’intelligence. De projet. L’université [haïtienne] a aussi son rôle à jouer. Il faut sortir de l’improvisation. A notre connaissance, il n’existe pas un cours de relations haitiano-dominicaines à l’UEH. Comment endiguer cette hémorragie de l’immigration ? Comment créer des infrastructures universitaires pour retenir nos millions de jeunes qui vont se former dans leurs écoles ? Les intellectuels des deux pays ont du pain sur la planche pour préserver la paix sur l’ile. Surtout quand l’émotion, la déraison, la désinformation dominent faute d’une intelligence collective en mutation.

La réponse d’Haiti doit être celle de l’intelligence. De projet. L’université [haïtienne] a aussi son rôle à jouer. Il faut sortir de l’improvisation. A notre connaissance, il n’existe pas un cours de relations haitiano-dominicaines à l’UEH.

Jean Daniel SENAT

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